La Guadeloupe
La Guadeloupe n’est pas un pays indépendant, mais un Département et une Région d’Outre Mer (DROM) de la France, situé dans la mer des Caraïbes.
La Guadeloupe étant un département français, le français est la seule langue officielle et la langue de scolarisation. Cependant la quasi-totalité de la population a pour langue maternelle le créole guadeloupéen.
Le créole guadeloupéen comme les autres créoles antillais (martiniquais, haïtien, saintois, guyanais) est né d’une situation bien particulière : celle de la colonisation aux Amériques et plus particulièrement du système des plantations où travaillaient les esclaves. En effet, issue d’un mélange entre lexique français du XVIIIe siècle (parfois régional) et structures syntaxiques d’origine africaine, c’est la langue qu’utilisaient les colons et les esclaves pour communiquer. Elle fut donc un facteur de cohésion sociale importante, en même temps qu’elle était l’expression de la domination esclavagiste. Cette origine ambivalente explique encore aujourd’hui les sentiments parfois contradictoires qu’elle suscite. Ainsi, au début du XXe siècle, la bourgeoisie noire rejette le créole qu’elle considère comme un français déformé, le signe d’un manque de culture. C’est ce qui explique que Maryse Condé, qui a grandi dans une famille de la bourgeoisie de Pointe-à-Pitre n’ait pas appris le créole (de même d’ailleurs qu’Aimé Césaire à la Martinique qui a été éduqué en français et n’a ainsi jamais non plus songé à écrire en créole).
Langue d’abord essentiellement orale, encore souvent qualifiée de patois, le créole est pourtant une langue à part entière, qui dispose depuis 1976 d’une graphie codifiée. Il existe également une littérature en langue créole et de nombreux débats ont eu lieu aux Antilles depuis les années 1980-1990 autour du choix de la langue d’écriture (créole ou français).
Autrefois, il existait une séparation assez nette entre le créole qui était la langue de la famille et des couches populaires et le français, langue de l’école et de l’élite. Mais aujourd’hui, on assiste à une expansion des deux langues. Tandis que le français a peu à peu gagné toutes les couches de la population (grâce à l’école mais aussi à la télévision et aux médias), le créole, lui, connaît une certaine revalorisation qui lui permet de gagner du terrain dans des milieux qui considéraient auparavant cette langue avec un certain mépris. Actuellement, on peut considérer que la quasi-totalité de la population est plus ou moins bilingue, avec une compréhension au moins passive de la deuxième langue. Les linguistes préfèrent souvent utiliser le terme de diglossie pour décrire ce phénomène de coexistence entre deux langues où les statuts et les fonctions des deux langues restent nettement distincts.
Notons que depuis 2001, le créole est officiellement reconnu comme une langue régionale susceptible d’être enseignée à l’école (auparavant, la France n’en reconnaissait que quatre (le basque, le breton, le catalan et l’occitan). Depuis, le nombre d’élèves apprenant le créole est en augmentation constante.
La grande proximité (au moins lexicale) entre le français et le créole ainsi que le développement du bilinguisme font que de plus en plus de locuteurs tendent à s’exprimer dans un continuum, c’est-à-dire une sorte de mélange des deux langues.
Préfecture :
Basse-Terre
Sous-préfecture :
Pointe-à-Pitre
Nombre d’habitants :
environ 450 000
Nombre de locuteurs du français :
Si la quasi-totalité de la population comprend au moins passivement le français, elle n’est véritablement la langue maternelle que de 1 à 2 % de la population et reste majoritairement une langue seconde, apprise à l’école.